Pub Socratique

Convergence Québec

Cherchant à cultiver l’esprit critique, l’écoute attentive et la prise de parole sensée, chaque épisode du Pub socratique offre l’occasion d’interagir avec un enjeu religieux, social ou culturel dans le but de faire grandir une réflexion chrétienne approfondie et créative. read less
Religion & SpiritualityReligion & Spirituality

Episodes

Violence conjugale et Église ⏤ Une difficile et nécessaire discussion
02-02-2024
Violence conjugale et Église ⏤ Une difficile et nécessaire discussion
Il s’agit d’un sujet difficile ; parler de violence domestique et conjugale comme phénomène présent dans nos églises pourrait certainement devenir une autre occasion pour un certain discours public de critiquer la foi chrétienne. Toutefois, la justice, la vérité et la restauration priment sur la réputation de l’église.De plus, si nous pouvons arriver à parler de la violence, l’autre défi consiste à décrire et comprendre les types de violence. Le cas de la violence physique est probablement le type de violence le plus « facilement » identifiable et condamnable. Toutefois, il existe d’autres types de violence. La violence psychologique et spirituelle sont toutes deux plus facilement sujettes au tabou et à l’évitement. D’autant plus que la violence spirituelle est pratiquement absente de la plupart des ressources d’aides psychologiques principales.« La spiritualité dans la violence ou la religiosité dans la violence, surtout dans le cas de la violence conjugale, c’est lorsqu’on utilise des croyances, des Écritures, des pratiques ou des expériences religieuses ou spirituelles comme moyen de dominer une autre personne. On pourrait même dire qu’une famille non religieuse et non pratiquante peut manifester cette forme de violence. En fait, la violence spirituelle atteint l’idée de l’épanouissement et l’approfondissement de son identité, de ses rêves et de ses aspirations. Ce qu’on observe dans le christianisme, c’est l’utilisation de versets bibliques comme moyen de justifier la violence physique ou la violence psychologique ou de justifier la domination comme dans le rapport de soumission homme-femme. » — Jenna SmithDans cet entretien, nous sommes en compagnie de Jenna Smith qui œuvre auprès de Direction Chrétienne comme responsable de l’engagement et sensibilisation. Nous l’avons invité pour discuter de la suite du projet de recherche Rapha Québec : Une initiative chrétienne québécoise contre la violence domestique. Nous saisissons l’ampleur d’un problème peu discuté dans nos églises chrétiennes, mais qui a le potentiel d’être exploré au-delà de nos communautés de foi. Bien que ce soit confrontant d’entendre les victimes, le projet Rapha Québec est le signe que l’église peut et veut, dans une mesure, favoriser la guérison. L’autre chose importante que ce projet met de l’avant, c’est le fait que ces victimes SONT l’église et qu’elles font un don précieux à leurs communautés en faisant entendre leur voix et en cherchant à leur donner des outils.
La foi dans l’espace public ⏤ Rendre visible l’invisible
23-12-2023
La foi dans l’espace public ⏤ Rendre visible l’invisible
Le terme «sécularisation», cela vous évoque quelque chose? Historiquement, il est associé au christianisme : dérivé du latin «seculum», son origine signifie «rendre au siècle, au monde». On sait qu’au 17e siècle, ce terme était utilisé dans le cadre de transferts de terres appartenant à l’Église catholique pour les céder à des propriétaires privés. Au début du 18e siècle, cette notion est devenue de plus en plus liée à l’idée que la société, à mesure qu’elle progressait sur le plan scientifique et technologique, aurait moins besoin de la religion pour répondre à ses questions existentielles. En d’autres termes, les avancées scientifiques remplaceraient la religion et la feraient disparaître. Cette idée a été contestée, elle ne s’est pas réalisée. Des siècles plus tard, les chercheurs en sciences sociales ont plutôt montré que la dimension religieuse et spirituelle des humains n’a pas disparu, mais elle s’est transformée. Ainsi, le concept de sécularisation a subi plusieurs ajustements, notamment l’idée que la religion se retirerait de l’espace public pour devenir une affaire privée. Bien que cela ait pu fonctionner pour certains groupes chrétiens occidentaux, l’immigration a mis en lumière l’émergence d’une diversité bien plus large de croyances dans le domaine public que ce que l’on aurait pu imaginer.Deux événements majeurs ont profondément influencé le paysage religieux et la sphère publique occidentale. La chute du mur de Berlin a levé le tabou entourant les athées dans le monde occidental, notamment aux États-Unis où être athée était alors associé au contexte de la guerre froide et au communisme. Depuis lors, on constate une croissance des sans-religions et une expression plus franche de ce désengagement religieux. Parallèlement, les attentats du 11 septembre 2001 ont réintroduit la question de la religion dans l’espace public, en particulier la question musulmane. Au Québec, les années qui ont suivi ont mis en lumière la nécessité de réfléchir à sa diversité religieuse à travers ce qu’on a nommé les accommodements raisonnables. La commission Bouchard-Taylor, en 2007-2008, avait pour objectif de repenser la laïcité : l’idée d’exprimer sa foi dans l’espace public serait inévitablement liée à la visibilité religieuse. Le port de symboles religieux ostentatoires, donc visibles, serait incompatible avec le service de l’État, un principe cristallisé dans le projet de loi 21 récemment adopté. Même dans des lieux informels comme le pub, ces discussions avaient commencé, mais à cette époque, le rôle dominant de la CAQ et son projet de loi 21 étaient encore loin d’être établis.Dans ce contexte, être évangélique semblait initialement moins problématique, car nos communautés ne portent généralement pas de signes religieux ostentatoires (à l’exception peut-être de quelques symboles discrets comme le petit poisson sur les voitures, courant dans les années 2000). Les discussions autour de cette loi se concentrent surtout sur son impact sur les femmes musulmanes qui portent le voile. Néanmoins, cette loi s’inscrit dans une tendance plus large de durcissement envers les mouvements religieux. Récemment, la CAQ (Coalition Avenir Québec) est intervenue publiquement pour interdire la location d’un événement au Palais des Congrès, ce qui reflète cette dynamique. Le milieu évangélique, soulignons-le, rencontre des défis, étant une minorité sans réel pouvoir, contrairement à ce que l’on peut observer aux États-Unis.Pendant des décennies, le milieu ecclésial a généralement adopté une attitude de réserve vis-à-vis de la société, se concentrant principalement sur la transmission du message évangélique. Cette relation était axée sur des objectifs missionnaires et tendait à éviter les implications politiques. Pour emprunter un ton humoristique à un éminent chansonnier, De Larochellière, «On reste ensemble, car rien ne nous ressemble. Sauvez mon âme.» À l’heure actuelle, des changements significatifs se dessinent au sein de
La foi au travail ⏤ « Ça ne se passe pas juste le dimanche! »
10-11-2023
La foi au travail ⏤ « Ça ne se passe pas juste le dimanche! »
L’Église a forgé au fil des siècles une panoplie d’outils via la théologie pastorale et la théologie pratique pour équiper les croyants en vue de devenir des ministres et des leaders au sein de la communauté chrétienne. Des programmes de mentorat, de formation théologique, ainsi que le soutien d’une équipe de leaders sont couramment à disposition pour guider ceux aspirant à devenir pasteurs, anciens ou leaders dans l’église.Cependant, nous avons tous entendu, un bon dimanche matin lors d’une prédication inspirante, que la foi chrétienne ne se limite pas au dimanche. Il est légitime de se questionner sur la façon dont la communauté chrétienne peut créer des liens solides entre les activités du dimanche et celles de la semaine. Comment pouvons-nous relier notre foi à l’activité qui occupe la majeure partie de notre temps en semaine, c’est-à-dire le travail? Que propose l’Église pour soutenir les vocations autres que le ministère pastoral, comme l’enseignement primaire, le droit ou l’entrepreneuriat?Dans cet épisode, nous vous présentons deux initiatives passionnantes : le Mouvement AVAD et Jeunes Pros. Ces initiatives visent à harmoniser la foi et la carrière professionnelle. Pour explorer cette thématique, nous avons le privilège de discuter avec trois acteurs de changement, notamment Mélanie Gélinas, directrice du Mouvement AVAD, Marc Pilon, président fondateur du Mouvement AVAD, et Rici Be, directeur du ministère jeunesse et famille pour l’Union des Églises Baptistes Francophones du Canada. Découvrez comment ces initiatives innovantes facilitent la conciliation entre foi et travail.
Pour en savoir plus, inscris-toi à ces deux événements!18 NOV. — Conférence Foi et Travail, organisée par Mouvement AVAD2 DÉC. — Cocktail de lancement des Jeunes Pros | GRATUIT (places limitées)
Échos d'été ⏤ Le Don, l’or Brut et le Truand
04-08-2023
Échos d'été ⏤ Le Don, l’or Brut et le Truand
Pour cette série d’épisodes hors saison, nous vous proposons une approche un peu différente. Chaque semaine, nous vous invitons dans les coulisses du Pub Socratique, où Jean-Christophe Jasmin et Benjamin Gagné se prêtent au jeu de l’expérimentation. Dans cet épisode, Jean-Christophe souligne le caractère « intime » derrière l’étymologie du mot économie. S’il s’agit de « la loi de la maison », il faut en quelque sorte reprendre le pouvoir sur cette composante de nos vies. Devant la complexité de notre système financier et politique, il peut-être facile d’abdiquer. N’est-ce pas la plaie de notre génération : notre cynisme désœuvré devant l’institution démocratique qui laisse les autres prendre les décisions puisqu’après tout, « qu’est-ce que ça change ? ». Pierre Vadeboncoeur, dans le recueil de texte Lettres et colères écrit en 1966, dit ceci : « Le monde est compliqué. La paralysie des indécis constitue sans doute une des conditions de l’Apocalypse. » Même si Vadeboncoeur met la plupart des institutions dans un panier non-démocratique, j’ose croire que la théologie et l’Église peuvent provoquer une reprise de pouvoir pour soi-même, et pour les autres, et nous aider dans le renouvellement du monde.Vous avez donc accès au processus derrière la conception d’un épisode du Pub Socratique. Et comme Jean-Christophe aime le dire, nous ferons office de « canif suisse » de la connaissance pour aborder des questions d’économie politique et de théologie.
L’hospitalité et l’accueil ⏤ Fondements philosophiques pour une société inclusive
09-06-2023
L’hospitalité et l’accueil ⏤ Fondements philosophiques pour une société inclusive
Dans un passage du livre du Lévitique, l’auteur biblique propose plusieurs éléments essentiels pour remplir l’appel comme peuple de Dieu à accueillir les personnes étrangères. Il s’agirait d’éviter la maltraitance et traiter ces gens comme nous-mêmes. Bien que l’histoire de la colonisation en Amérique du Nord remonte à plus de 400 ans, l’invitation qui nous est faite ici est celle de la mémoire ; « vous l’aimerez comme vous-même, car vous avez été étrangers… ». Ceci dit, si l’église est un lieu, on pourrait dire qu’elle en est un d’accueil vu la croissante multiethnicité de nos milieux. Mais l’église est, d’abord et avant tout, une communauté. Pour ces gens qui œuvrent dans les milieux agricoles et dans d’autres milieux difficiles où on ne compte pas les heures ni son confort, il faut que l’église soit plus qu’un lieu. Elle doit être une communauté là où ils sont.Yanie Pierre-Jérôme et Jeremy Favreau discutent avec Martin Bellerose, professeur de l’Institut d’étude et de recherche théologique en interculturalité, migration et mission (IERTIMM), de la notion biblique de la philoxénie. Elle consiste en l’amour de l’étranger, son accueil et notre hospitalité. Les questions d’interculturalité et de migration ne sont pas seulement d’ordre politique, économique, social ou académique. La manière dont nous traitons les êtres humains les plus vulnérables et celle par laquelle nous nous responsabilisons renvoient à notre appel humain et chrétien. En tant que chrétiens, comment devons-nous comprendre les nuances entre ces deux approches et voir notre appel à incarner l’évangile face à cette question d’actualité ?
Interpréter en communauté - Le post-fondationnalisme de Stanley J. Grenz
10-02-2023
Interpréter en communauté - Le post-fondationnalisme de Stanley J. Grenz
Le Sola Scriptura protestant influence profondément la manière dont nous pensons pouvoir accéder à Dieu. Dans l’Église évangélique, il existerait une tendance à croire que nous aurions un accès direct à la théologie du texte biblique et que nous pourrions en tirer des données pures sans interprétation. Cette vérité pure serait la Parole révélée de Dieu. Pourtant, cette manière de faire, cette « méthode théologique » qu’on appelle fondationnalisme est loin d’être biblique en elle-même. Elle est basée sur une approche philosophique particulière qui a été forgée sous l’influence du Christianisme, mais aussi de la Modernité. Dans le post-fondationnalisme de Stanley J. Grenz, éminent théologien évangélique, il faut accepter de relativiser les capacités humaines à découvrir seules cette vérité biblique. Comment prendre de la distance avec l’individualisme qui peut accabler notre interprétation des Écritures ? Qu’est-ce que Dieu a donné aux croyants pour accéder à la vérité biblique ? Comment jongler avec les interprétations individuelles et le fait d’être en communauté ? Et surtout, que veut dire « interpréter en communauté » ? Dans cet épisode, David Miller, professeur en théologie à l’ETEQ et professeur associé à l’Université Laval, Jacob Mathieu et Benjamin Gagné, cherchent à comprendre ce qu’est le post-fondationnalisme et de quelle manière il nous permet d’approcher le texte biblique en église.
Le tourment de la conversion - La perspective des jeunes évangéliques
16-12-2022
Le tourment de la conversion - La perspective des jeunes évangéliques
Une majorité de jeunes évangéliques, contrairement au modèle promu dans nos milieux, n’ont pas vécu la radicalité d’une conversion. Sans un « avant » clair, puisque né dans ce milieu, il devient presque impossible pour eux de savoir s’ils ont un « après » d’une conversion. « À quelle date ? Suis-je réellement sauvé ? Si Jésus revenait aujourd’hui, est-ce que je resterais ici ? Comment vraiment savoir que je suis sauvé autrement que par la multiplication des prières de conversion ? » Est-ce que les versets viennent vraiment apaiser ces tourments ? Près de cinquante ans après ledit réveil évangélique au Québec, ce modèle de conversion, qui marque un fort avant et après, semble avoir peu été remis en question. Pourtant, la génération de jeunes évangéliques nés dans ce milieu semble avoir un autre « témoignage » à raconter.Wesley Peach discute ici avec Benjamin Gagné qui s’est penché sur la question de la conversion dans son mémoire. Ils revisitent ce modèle dominant qui crée bien des tourments chez nos jeunes encore aujourd’hui. Nous vous invitons à écouter cet entretien avec Wesley Peach à propos de son livre « Itinéraire de conversion » (révisé en 2015). Combinant la théologie pratique et les méthodes anthropologiques, ce livre nous propose une révision du fameux modèle dominant de la conversion vécu dans nos églises québécoises.